Photo-reportage no 11 Le quartier chinois de Vancouver, le plus grand du Canada

Photographes
Gar Lunney
Auteur
Office national du film du Canada
Date de diffusion
mai 31, 1955
Collection
Fonds du MCPC
Référence de source
Fonds du Musée canadien de la photographie contemporaine, Musée des beaux-arts du Canada Bibliothèque et Archives
Texte principal
Le centre-ville de Vancouver (C.-B.) abrite le plus grand quartier chinois du Canada et la seconde communauté chinoise la plus importante d’Amérique du Nord. Sa population dépassée seulement par celle de San Francisco, le quartier chinois de Vancouver accueille, dans le carré de ses treize pâtés de maisons, la plus grande concentration des 30 000 citoyens sinophones du Canada. Le quartier a vu le jour au milieu des années 1800 quand des milliers de Cantonnais, amenés au Canada pour les travaux de construction du chemin de fer, se sont débrouillés par eux-mêmes. En raison de leur solide sens de la famille, ils se sont regroupés et ont créé une communauté le long de la rue Pender près des quais. Aujourd’hui, le quartier chinois est une communauté bien ordonnée, mais parfois sordide, de 7 000 habitants, où la vie de l’Occident moderne fait immanquablement contraste avec les traditions et la culture de l’Orient. Derrière la façade exotique des restaurants de chop suey et des magasins de curiosités orientales présentées aux touristes, une génération d’aînés placides s’accroche avec ténacité aux rappels de la patrie. Les marchands solitaires et les maraîchers de l’île Lulu se rencontrent dans des salles sombres pour jouer des parties sans fin de majong. Le marchand, qui vend aux touristes des vases de commerce, des babioles et des napperons en bambou, a des adeptes qui croient aux anciens pouvoirs de guérison des hippocampes séchés, des herbes et des racines chinoises. Des bâtons-oracles et de l’encens brûlent toujours devant les bouddhas souriants et bedonnants. Et dans les bureaux du Chinese Times, le seul quotidien de langue chinoise au Canada, de vieux imprimeurs se penchent sur les polices de caractères, et montent la maquette à la main en choisissant parmi plus de 4 000 caractères. Toutefois, la jeune génération née au Canada quitte de plus en plus les logements de briques et les minuscules magasins de la rue Pender pour y arriver réussir grâce aux professions. L’herboriste trouve sa contrepartie dans les cinq docteurs chinois qui s’occupent de la santé de la communauté. Le marchand, le pharmacien, le dentiste progressifs de la haute ville – le gestionnaire chinois de la succursale bancaire de chrome et de béton –, tous savent que rien ne peut arrêter la modernisation du quartier chinois et que, d’ici quelques années, son apparence physique le fera ressembler à tout autre quartier d’affaires. Et quoique les jeunes élèves chinois aux chaussettes courtes suivent des cours de langue et de culture chinoises après l’école régulière, la tendance est aux façons de faire canadiennes. Ils ont pris racine – au Canada, ils sont chez eux.