Photo-reportage no 257 Une nouvelle ville sur la terre de demain : « Place de l’homme » sur la côte de l’Arctique

Photographes
Gar Lunney
Auteur
Office national du film du Canada
Date de diffusion
avril 19, 1960
Collection
Fonds du MCPC
Référence de source
Fonds du Musée canadien de la photographie contemporaine, Musée des beaux-arts du Canada Bibliothèque et Archives
Texte principal
Une expérience de cinq ans, au coût de 35 millions de dollars, pour construire une ville moderne sur la côte de l’Arctique achève sa première étape. Inuvik, un mot esquimau signifiant « lieu de l’homme », est situé haut sur les berges du fleuve Mackenzie, à 33 milles à l’est d’Aklavik et à 100 milles au nord du cercle arctique. En 1955, une équipe d’arpenteurs et d’ingénieurs du gouvernement a recommandé ce site pour une ville qui servira de centre nerveux de l’ouest de l’Arctique… un lieu où les besoins éducatifs, médicaux et économiques des Esquimaux et des Indiens pourraient être satisfaits, tout en étant (au fait) une étude pilote pour la création d’autres villes qui suivront quand le Canada exploitera les vastes ressources de sa région nordique. Contrairement à la voisine Aklavik, qui s’enfonce graduellement dans la vase et qui glisse vers l’avide Mackenzie, Inuvik se dresse sur un sol relativement stable, loin du danger d’érosion de la rive du fleuve. Il y a tout près une piste d’atterrissage de 6 000 pieds et de bonnes installations de quais. Personne ne dira que c’est le territoire de rêve d’un développeur, mais le site est aussi parfait que tout autre situé dans les conditions de construction difficiles du delta du Mackenzie. Ici, le permafrost est profond de mille pieds – un obstacle impossible à surmonter pour l’aménagement de la tuyauterie essentielle à la plomberie et aux égouts – et un problème de construction de premier ordre. Heureusement, la base du permafrost à Inuvik est formée en grande partie de gravier, qui ne se soulève pas comme un fond de vase. La ville est construite sur pilotis : des piliers de 15 à 30 pieds, enfoncés par jet de vapeur dans le permafrost. La population d’Inuvik tourne autour de 1 250 habitants et se compose d’Esquimaux, d’Indiens, de missionnaires, de fonctionnaires et de travailleurs de la construction passagers. La ville de 275 acres (centre administratif de 350 000 milles carrés de territoire) est fière de ses 150 habitations résidentielles, de ses nombreux édifices fédéraux – incluant une école moderne à laquelle sont inscrits à ce jour 600 élèves –, de ses trois églises, d’un hôpital de 80 lits, d’une station de radio et d’un cinéma. Techniquement, l’un des plus grands déserts sur terre, la région arctique du Canada (qui, paradoxalement, contient davantage de lacs que le reste du monde au complet), n’est pas un désert perpétuellement gelé. Inuvik se trouve près de l’orée d’une forêt ondulante, que l’on appelle habituellement la « limite des arbres ». Pour aménager la ville, on a tiré parti des bosquets voisins d’épinettes, de bouleaux et de peupliers. Durant ses brefs étés chauds, des mousses et de délicates fleurs indigènes aux couleurs vives fleurissent en abondance. Durant les soixante jours libres de gel par année, des jardins de légumes ont été cultivés avec succès. Si les hivers sont longs et froids, les chutes de neige sont modérées. Les occupants des maisons pellettent moins de la moitié de la neige qui tombe habituellement sur Ottawa ou Montréal. Inuvik devrait devenir le point central du développement économique du nord du Canada. Elle dessert une région riche en ressources naturelles. Il y a des dépôts de pétrole et de gaz à moins de 300 milles de la ville; les rapports des géologues parlent d’une variété de richesses minérales.