Tous les Canadiens, ou presque, ont eu l'occasion, un jour ou l'autre, au cours de leur adolescence, d'expérimenter la joie bien spéciale de passer le Temps des fêtes à la campagne. Même si les grandes villes et tous leurs clinquants émerveillent les vœux des enfants à la Noël, rien de plus ne peut remplacer la maison de campagne humblement décorée, la petite église de la Messe de Minuit, éclairée par une lune bleue, la promenade en traîneau et les repas fabuleux comme seules savent les préparer les grand-mamans « made in Canada ». C'est dans l'âge adulte que nostalgiquement le Canadien aime revivre ses vacances de Noël à la campagne. Qui, par exemple, n'a pas assisté à la chasse au porc qui a voulu quitter son enclos pour une balade sentimentale dans la folle neige de la ferme. Qui n'a pas été petit bûcheron pour grand-papa afin d'alimenter le gros poêle de cuisine dont le réchaud regorgeait de tourtières, de ragoûts de boulettes, de petit lard salé, de tète fromagée, de gâteaux aux fruits ou marbrés. Qui n'a pas été tenté de soulever les toiles blanches de la dépense où miroitaient les belles galettes blanches décorées de sucre vert et rouge. Et que dire de la distribution des cadeaux, des soirées familiales où le maître-chantre faisait pleurer les femmes avec « Le Noël des petits oiseaux » ou « Trois anges sont venus ce soir ». Quand on pense à tout ça, la Noël à la campagne vaut bien celle des villes. Heureux ceux et celles qui peuvent en jouir. Rien ne pourra jamais remplacer la poésie blanche des vallées endiamantées, des arbres de cristaux, des falaises brillantes. Noël, c'est la fête des enfants de six à quatre-vingt-dix ans, c'est la fête de l'espérance d'un monde meilleur, l'aurore de la grande fraternité universelle.