Qui n'a rêvé de grand air, d'évasion, d'un décor tout différent alors que la vie de la grande ville pèse, étouffe, encercle. Qui n'a rêvé d'être roi et maître autour de lui, de ne subir aucune contrainte, de manger, dormir, marcher, au gré de sa fantaisie, quand ça lui dit. Tous rêvent ainsi, un jour ou l'autre. Personne n'échappe au désir de partir, de changer d'air, de faire différent, de voir nouveau. La majorité des Canadiens ont tout près d’eux une forêt, un lac, un ruisseau, une campagne où s'évader. Et c'est à quelques pas. Cependant, pour celui qui désire des espaces plus vastes, il lui faut aller plus loin. Ce qui n'est pas toujours facile. Pour Bob Frisch, d'Ottawa, ce fut possible. Cet aventurier, d'une grande culture et d'une grande érudition, déteste la civilisation et adore la grande nature. Il fut un jour frappé par le coup de foudre des grands espaces. Il voulut reprendre la route des pionniers, des missionnaires. Cet homme infatigable et robuste tomba amoureux des Territoires du Nord-Ouest. Rien ne l'arrêta dans son amour de la vie sauvage, des vastes solitudes. Il partit donc un jour avec le strict nécessaire et un canot comme véhicule. Il réussit à couvrir les distances importantes qui séparent le Grand lac des Esclaves et le Grand lac de l'Ours. Couchant sous les étoiles, mangeant le fruit de la chasse et de la pêche, exerçant sa patience avec les moustiques et les mouches, Bob considéra que tous ces petites difficultés ne sont pas comparables au bonheur de vivre libre et sans contrainte. Vivre comme il l'entend, savourer le silence d’un désert, le chant des oiseaux et du vent, ou encore les murmures des animaux du Nord, voilà pour lui la vraie vie.